Watafish, un nouveau venu sur le marché du leurre souple qui fait du bruit. Découvrez l’interview de Ben Rabay, le fondateur de Watafish, ainsi que notre test sur la Grooveperch 3″.
D’où t’es venue l’idée de te lancer dans la fabrication de leurres?
« Bonjour Franck. Avant tout merci de t’être intéressé à Watafish, et d’avoir accepté de faire un article dessus.
Mon métier, c’est concevoir. Je suis architecte et designer de formation, mais j’avais surtout envie de tenter l’expérience d’allier mes compétences et les outils que j’utilise au quotidien (design, 3D, graphisme, communication…) à une de mes passions : j’en suis donc arrivé à créer un modèle de leurre souple, puis réfléchir à une marque et son univers, et créer une communauté qui s’intéresse à ce que je fais, et pourquoi pas en faire mon métier. »
Quelles sont les origines du nom Watafish?
« What the f***!? What a fish !!! Watafish !!! C’est entre l’étonnement et la jubilation. Une contraction de deux expressions anglophones, parfois utilisées à la touche ou lorsqu’on découvre enfin son poisson trophée. Derrière l’expression, on pense aussi à l’export dans les pays anglophones. Dans les autres langues, ça sera le prétexte de la déconnade pour sortir des wataconneries… »
La conception des leurres Watafish
« J’ai d’abord fabriqué des modèles issus de sculptures que je faisais manuellement, pour comprendre en détail ce qui fait qu’un leurre nage ou pas, qu’il soit résistant, qu’il ait du rolling etc… Puis j’ai commencé à synthétiser toutes ces infos dans un modèle que j’ai dessiné en 3D, puis fabriqué un master rigide et des moules en Silicone autour, pour fabriquer des prototypes maison en petites séries.
Enfin, après 18 mois de tests des prototypes fabriqués dans ma modeste cuisine, j’ai commencé à chercher des prestataires pour fabriquer de manière industrielle et surtout professionnelle la version finale. »
Pourquoi ce choix de produire en Chine?
« J’ai commencé par chercher des usines de plastique en France, pour tenter l’expérience de la Marque Française fabriquée en France, faire tourner des emplois, l’économie etc… Mais je me suis heurté à des industriels un peu trop conservateurs, qui ne me prenaient pas au sérieux, sans doute parce que je suis jeune (30 ans à l’époque), pas du milieu de la pêche à l’origine, et n’ai pas le profil classique du pêcheur en France.
Les usines Françaises m’annonçaient des budgets totalement dérisoires, improbables, et surtout inatteignables pour une entreprise menée à bout de bras par une seule personne. Tout ça pour faire fonctionner une machine qui ne ferait que transformer une matière première qui vient d’ailleurs de Chine, sans apporter de valeur ajoutée réelle. La France a toujours eu du retard technologique et culturel sur ses voisins européens et mondiaux (renaissance, révolution industrielle…) et j’ai alors pensé qu’il fallait revoir les méthodes.
Alors j’ai pris le projet dans l’autre sens, et ai prospecté les usines en Asie. Ils ont les meilleurs technologies qui existent, et je pense qu’à notre époque, il faut chercher la compétence là où elle est. Et surtout dans les moyens qu’on a, lorsqu’on crée un projet seul et sans ressources. Cela n’empêche pas qu’il y ait d’autres contraintes, car évidemment, en Asie, les couts de productions, bien que plus bas, il faut produire de la quantité. donc un plus gros investissement de départ.
Qu’à cela ne tienne, cela garantit la pérennité de mon entreprise et me permet de rémunérer des prestataires (stockage, webdesigner, logistique, etc…). Donc de faire tourner des emplois ici, plutôt que de payer une machine à injection qui tournera bêtement à un prix exorbitant à la place de plusieurs personnes qui pourraient faire vivre leur famille. Pour moi, c’est une belle réussite, tant sur le plan technique que social car cela pourrait être quelqu’un qui lit mes mots, un de ses proche, une connaissance, etc… »
Quelles sont les perspectives d’avenir de Watafish?
« Mon projet, c’est de créer le prochain classique du leurre souple : le passe partout polyvalent mais qui vient de chez nous, et qui s’exportera comme le champagne, le french kiss et le camembert. Un leurre qui est reconnu pour ses qualités aux cotés des références Japonaises et Américaines déjà sur le marché.
Créer d’autres tailles, d’autres couleurs, et aussi d’autres modèles, complémentaires, car un Shad, c’est bien, c’est polyvalent, mais pas miracle… il faut dans une boite de pêche l’accompagner avec une virgule, un insecte, un worm…
Tout cela suivra si les ventes décollent, car je pense qu’il faut régulièrement rappeler que j’ai lancé tout cela seul, avec mes économies. C’est pourquoi, plus les pêcheurs joueront le jeu de leur coté également, et plus je pourrai leur offrir la suite de la gamme. »
Maintenant que vous connaissez Watafish, passons aux tests
Beaucoup d’entre vous sont venus me parler spontanément pour me demander mon avis en privé ou me donner un avis personnel et un ressenti sur la marque Watafish. Comme vous le savez, nous offrons toujours un avis neutre et objectif dans nos articles. J’espère que le test suivant répondra à toutes vos interrogations. Le débat est ouvert, n’hésitez pas à laisser un commentaire en bas de page.
Ma vision sur la marque
Cela fait quelques temps que je connais les leurres de Ben Rabay par l’intermédiaire d’un ami qui l’aide au développement des prototypes.
J’ai eu bien des occasions de rencontrer de jeunes entrepreneurs dans le milieu halieutique. Pourtant, dans le cas présent je reste bluffé par la qualité du produit final. J’entends par produit, la qualité du site internet, du packaging, des leurres et de la communication.
Les avis et les opinions diffèrent sur le fait de faire produire en Chine. J’aimerais que la Grooveperch soit Made In France mais je ne m’insurge pas non plus. Nous sommes sur un marché ultra concurrentiel ou toutes nos grandes marques dites « françaises » produisent à l’étranger. Pour ne citer qu’eux, prenez l’exemple de Delalande avec la Roumanie ou Biwaa et Fiiish avec la Chine.
N’oublions pas que cette « sous traitance chinoise » permet à Ben de concentrer toute son énergie au développement de son entreprise. Par la suite la production sera peut-être Française car nous sommes capables de produire du leurre français de qualité à l’image d’HMF, K-hodfishing ou Spin Addict.
La Grooveperch
Pour le moment la gamme Watafish c’est 1 leurre (Grooveperch), 1 taille (3 pouces) et 3 couleurs (bleu-blanc-rouge). D’un point de vue consommateur, l’offre est trop petite car le pêcheur est un acheteur impulsif et compulsif. A contrario, vu de l’autre côté c’est un investissement personnel et financier énorme lorsque l’aventure se fait seul.
Une bonne dizaine de pêcheurs m’ont dit « un shad c’est un shad! La Grooveperch n’a rien révolutionnée! ». Je vous l’accorde, un shad c’est un shad et c’est difficile d’innover. En revanche vous pouvez avoir un shad qui sort du lot.
Dans le cas présent la matière est vraiment souple, à l’image des célèbres On Up Shad mais la résistance en plus. En effet, vous pouvez faire plus de 20 poissons sans perdre le paddle! Cette souplesse offre de la réactivité au leurre dès son arrivée dans l’eau. Le flap caudale éloigné du corps vibre sur de petites fréquences idéales pour la pêche light.
Ben Rabay a réellement créé une identité visuelle avec ces rainures en motif de perche. Elles complètent l’esthétisme du leurre et améliorent la souplesse de la queue.
Même si je suis moins fan, elle permettent aussi d’y apposer de l’attractant.
Bleu, blanc, rouge, une stratégie chauvine qui paye
Le rouge est une couleur chaude et agressive, c’est un peu notre « fire tiger » de la pêche light. Le bleu sera apprécié des pêcheurs expérimentés.
La version blanche (ma préférée), qui est véritablement translucide prend la couleur du milieu. Cette teinte est particulièrement intéressante en été lorsque les carnassiers sont focalisés sur la fraie.
Par expérience, je sais l’importance que peut avoir la couleur du leurre en pêche light. Et la nécessité d’avoir une pochette avec un choix de couleurs important. Bien que la marque soit en plein développement il sera indispensable d’avoir rapidement d’autres options au catalogue.
Les montages
Comme beaucoup de petits shads, la Grooveperch accepte volontiers les montages en drop shot, ou comme trailer sur un spinner.
Il sera tout de même plus à l’aise et s’exprimera d’autant plus sur une tête plombée!
Rapport qualité / prix
J’ai véritablement découvert un leurre qui donne envi d’être utilisé. Un leurre qui prend du poisson sans être une copie de la copie! Bien que la marque ne se soit pas inscrite sur un positionnement de prix agressif le tarif est en phase avec les mastodontes du marché.
Exemples de prix à l’unité : Watafish Grooveperch 3″ – 1.41€ pc / Delalande Skeleton 3.14″ – 1.09€ pc / One Up 3″ – 2.10€ pc
Distribution
La distribution se fait principalement sur le shop en ligne Watafish. Certaines grandes enseignes ont déjà joué le jeu en référençant la Grooveperch dans leur collection 2018.
L’avis Raise Fishing
Watafish bouscule les codes avec son image jeune et dynamique. Son « tapage » médiatique fait beaucoup parler de lui. Et ça fonctionne car son Grooveperch est un succès. Mais attention à ne pas essouffler la machine car si le catalogue ne s’étoffe pas très vite c’est la fin de l’aventure.
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