RaiseFishsing a eu la change de rencontrer et d’interviewer CHARLES VALLEE, vidéaste pour la chaîne SEASONS. Il nous parle de ses aventures de pêcheur derrière une caméra, de ses voyages à l’autre bout du monde et de son nouveau projet de série « CONTACT, avec des poissons légendaires » en tant qu’auteur-réalisateur.
Charles, raconte nous ton parcours en tant que vidéaste.
Je suis Charles Vallee auteur et realisateur de la serie « Contact, avec des poissons légendaire« .
Mon père, passionné de chasse, me transmet sa passion dès mon plus jeune âge. la chasse m’ a toujours fasciné, avec cette transmission de connaissance, ce sixième sens que développe certains hommes face à la nature. Aussi, ce phénomène social qui unit ces communautés de chasseurs et de pêcheurs en marge de la société actuelle.
Après des études littéraires, je m’oriente assez rapidement vers ce qui me passionne le plus : l’audiovisuel, un domaine artistique dans lequel je peux m’ exprimer pleinement.
La prise de vue est ma première activité et pendant quelques années je tourne à un rythme effréné pour différentes chaînes de télé sur des thèmes les plus variés. Mes différents voyages et rencontres me permettent de tourner et réaliser un premier sujet de six minutes pour la chaîne Seasons. Nous sommes, en 2002, et l’ aventure commence. J’ écume peu à peu toute la France et tourne plus de cinq cent sujets pour l’émission : « En Pratique ».
En 2005, je réalise mon premier documentaire pour la chaîne Seasons sous le titre « Petites Histoires du bord de mer », le portrait croisé de pêcheurs, figures de la Méditerranée. Pas de chichi, ni de tricherie, les films que je réalise sont des témoignages de la vie que l’on mène dans nos campagnes au début du troisième millénaire.
En 2010, mon travail est récompensé avec le documentaire « Jeunes, jolies et chasseresses », toujours basé sur les enjeux humains, ce dernier reçoit par un comité du groupe Canal Plus, le prix de la meilleure réalisation.
Aujourd’hui, tu lances la série de vidéo « CONTACT », de quoi s’agit-il?
La série « CONTACT, avec des poissons légendaires » est un véritable road movie à travers le monde où Franck Hiribarne part traquer les plus grands carnassiers d’ eau douce de la planète. Parmi la longue liste des prédateurs qu’il va défier : le peacock bass, la perche du Nil, le snakehead, l’ alligator gar, le taïmen, le goliath tiger fish, l’ esturgeon blanc, ou encore le papuan bass. Des poissons qui ont chacun leur histoire, leur mythe, leurs humeurs et qui participent incontestablement à la richesse de la biodiversité de la Terre.
A chaque épisode, Franck devra apprendre, écouter et comprendre, avant de se mesurer à ces poissons légendaires. Pour l’ aider dans sa quête, Franck sera souvent accompagné de pêcheurs devenus spécialistes et qui pour certains ont consacré une bonne partie de leur existence à la quête de ces poissons.
Comment est née la série « CONTACT , avec des poissons légendaires»?
Nous sommes en 2008, Seasons me valide la réalisation d’un reportage sur la carpe. Je contacte Franck qui me propose de tourner le film à Bin El Ouidane, dans le Moyen Atlas Marocain. C’est, me confie t-il, le nouvel eldorado des carpistes avec des paysages à couper le souffle et surtout un lac qui produit une densité exceptionnelle de gros poissons.
A peine débarqué sur notre petit île perdue, que le premier poisson déroule, une carpe de près de dix huit kilos ! Ce sera d’ailleurs le premier poisson de la série « CONTACT, avec des poissons légendaires ».
Ce documentaire est un retour aux sources, où Franck se détache de toutes les techniques les plus modernes pour aller à l’ essentiel. Une stratégie payante qui va lui rapporté un nombre de prises incalculables avec des carpes toutes plus belles les unes que les autres.
Une fois rentré en France, je passe du temps sur mon banc de montage à écouter les répliques de Franck et plus je me rend compte du potentiel du personnage. Après trois semaines douloureuses, à se torturer l’esprit, le film est prêt à être visionné.
Seasons adore, le pari est gagné ! « La Carpe, Bin el Ouidane, nouvel horizon », deviendra par la suite le premier épisode de la série « CONTACT, avec des poissons légendaires », même si à ce moment là on ne parle pas encore de « série ».
Le deuxième épisode, semble être un véritable tournant
Quelques mois plus tard, nous proposons à Seasons, un film sur la perche du Nil, intitulé « La perche du Nil, colosse égyptien ». Le film est validé.
Notre guide « Ali », en a vu des « colosses égyptiens » et les perches du Nil que nous hissons sur le bateau lors de notre premier séjour, même si elles nous paraissent largement suffisantes pour assurer la réussite du film, sont bien loin des monstres qui hantent le lac Nasser.
Pas de budget pour un deuxième trip, tant pis, chacun fait l’effort, et nous voilà reparti en Egypte, en plein mois de février. Steven de l’organisation « Lake Nasser Adventure » nous annonce la couleur : « Les touches sont à cette période moins nombreuses mais le potentiel de capturer une grosse mémère est plus important ».
Les premiers jours de pêche sont très durs pour le moral, avec très peu de touche, que des petits poissons, et surtout une impression de passer plus de temps à naviguer sur notre petit « bateau-hôtel » qu’à pêcher.
Steven, sait que les grosses perches du Nil, se regroupent en février, en vue d’aller plus tard frayer. Mais dans l’immensité du lac Nasser, plus de 500 kilomètres de long…difficile de trouver ces fameux « rassemblement ». C’est après avoir parcouru plus de deux cents kilomètres sur le lac et subi bien des déboires, que la malédiction des pharaons va disparaître.
Franck tient au bout de sa canne, un poisson énorme et lorsqu’il sort sa gueule hors de l’eau pour tenter de se débarrasser du gros leurre destiné à la pêche du Musky , qu’avait confié Thomas Flauger à Franck avant son départ, c’est l’euphorie sur le bateau.
Nous avons notre colosse : une perche du Nil de soixante deux kilos, qui va sans aucun doute nous assurer une certaine légitimité à notre retour. La série « CONTACT » est née…merci Steven.
Tu nous parles de Franck Hiribarne, pourrais-tu nous présenter ton acolyte et votre histoire ?
La rencontre avec Franck Hiribarne, je la dois à Thomas Flauger, pêcheur d’origine allemande installé dans l’Hérault, et bien connu de la communauté des carpistes pour avoir, entre autres, conçu avec son père des détecteurs de touche de renom. Il s’agissait pour le coup de réaliser un sujet de six minutes pour l’émission « Seasons Magazine », qui aujourd’hui a laissé sa place à « Seasons Hebdo » (…)
Les tournages s’enchaînent, un coup c’est la liche au jig, une autre fois c’est de la carpe en rivière…bref, la réussite nous sourit, et Seasons adhère au personnage. Pour avoir tourné avec des centaines de pêcheurs différents, je m’aperçois, également, que Franck sort du lot, avec une façon, propre, de parler des sensations qu’il vit au bord de l’eau. Il est habité !
La suite des événements, me confirmera, que la pioche était bonne…
Pourquoi avoir choisi le nom « CONTACT » ?
« Contact » est en fait ce moment magique de « la touche », celle que chaque pêcheur attend patiemment, je dirais même, une des raisons essentielles pour laquelle il se trouve au bord de l’eau, et qui lui provoque tant d’émotion. Cet instant qui dure une fraction de seconde, est tout simplement le moment où il est parvenu à leurrer par un artifice, un poisson. A cet instant, tout tient à un fil, entre le monde aquatique et le monde terrestre.
Je peux vous dire que je me suis parfois mordu les doigts d’avoir donné le nom « Contact » à cette série ; car qui dit « Contact », implique de filmer sans interruption les parties de pêche pour saisir ce fameux « Contact ». S’en est suivi pas mal de tendinites et autres douleurs, dans l’attente que le poisson veuille bien croquer l’artifice.
« CONTACT, avec des poissons légendaires » a une écriture particulière, peux-tu nous en parler?
Je pense que l’on a trop tendance à vulgariser la pêche et le pêcheur à travers les films de pêche. Souvent l’acte de pêche se résume à la performance du pêcheur alors que la prise d’un poisson n’est en réalité que la finalité et qu’une infime partie de ce qu’est cette activité.
je me suis attaché, dans la série « CONTACT » à travailler sur la façon de montrer la pêche, en évitant d’ analyser les aventures que nous avons vécu. J’ai d’ailleurs opté pour de la musique orchestrale, plutôt que de la techno ou une musique qui rappelle trop « la performance » et tomber dans ce que certains appellent, je crois : « le pornfish », des films de pêche où les actions s’enchaînent sans queue ni tête, et où seules les prises de poissons semblent résumer la partie de pêche.
« Contact, avec des poissons légendaires» est en fait ce que l’on peut appeler un road movie, avec très peu de mises en scène. Rien n’est écrit à l’avance, et chaque aventure et mésaventure que vit Franck font avancer l’ histoire du film.
Dans cette dure réalité, Franck est mis à nu, c’est d’ailleurs à ce prix que notre collaboration se poursuit. Car pour moi, pas question de faire de compromis là-dessus, tout le cheminement doit être montré : Tu es fatigué, on le dit ; tu as faim, on le dit ; tu es déçu, on le dit, tu es content, on le dit aussi, et avec Franck, pour ceux qui connaissent la série, pas besoin de le forcer pour voir lorsqu’il est content ou pas !
Les conditions de tournage semblent parfois difficiles ?
Chacun le sait, les poissons ne mordent pas que lorsque le soleil est radieux et quand le temps se dégrade, ce sont aussi les conditions de tournage qui sont se compliquent. Nous avons eu parfois de très forts taux d’humidité, comme en Thaïlande ou en Guyane, ou encore des températures glaciales comme au Canada ou en Mongolie et dans ces cas là, on se demande toujours si la caméra va supporter cela.
Un des tournages les plus difficiles de la série est sans aucun doute celui en Papouasie avec la quête du terrible Papuan bass.
Il nous faut pas moins de cinq avions pour se rendre en Papouasie Occidentale, et à peine quinze minutes après avoir débarqué que nous voilà parti pour sept heures de pirogue en mer pour rejoindre l’embouchure d’une rivière sur laquelle notre guide avait beaucoup d’espoir. On retrouve à la tombée de la nuit notre bateau-hôtel, une sorte de navire chinois avec une vieille bâche en guise de toit, et à peine endormis pour tenter d’effacer ce voyage interminable qu’une forte tempête nous ballote dans tous les sens. Une heure plus tard, la bâche est sur le point de libérer des centaines de litres d’eau sur notre tête, il faut intervenir rapidement…quatre heures plus tard le jour se lève, et nous partons à la rencontre du papuan bass dans des décors digne de Jurassic Park.
Vos tournages ont l’air d’être périlleux, du moins plein de surprise, as-tu d’autres anecdotes de tournage à nous proposer ?
Impossible de partir dans des contrées aussi lointaines, et espérer que tout se passe sans le moindre incident.
Parmi ceux qui aurait pu mal tourné, il y a ce coup de tête terrible affligé à Franck par un alligator gar, le fameux poisson dont la tête ressemble étrangement à celle d’un crocodile.
Nous arrivons la veille au Texas, après un voyage presque parfait. Première sortie de pêche sur la rivière Trinity, lieu de tous les records pour cette espèce et premier poisson au bout de la canne après seulement dix minutes de pêche. Ce n’est pas un monstre, mais quand même, c’est le premier et il faut le montrer.
L’alligator gar est hissé sur le bateau, notre guide tourne la tête un instant, et Franck prend à ce moment là l’initiative de soulever le poisson pour le présenter à mon objectif…et là c’est le drame ! L’animal a pris appuis sur sa queue, qui repose sur le bateau, pour tenter de se libérer. Il est trop puissant et, en pivotant sur lui même, arrive à glisser des mains de Franck, en lui mettant au passage un coup de tête digne des plus grands combattants.
Sur le bateau, il y a du sang partout, et difficile de juger de la gravité de la blessure causée par les nombreuses dents de l’animal. Tout le matériel est remballé rapidement et direction l’hôpital de Trinity.
Franck est sonné et ressort de l’hôpital avec un bandage « à l’américaine » et pas mal de points de suture.
C’est aujourd’hui devenu un épisode culte de la série, avec cette scène incroyable qui aurait pu tourné au drame.
Et maintenant, quelles sont vos futures destinations ?
Parmi les poissons incontournables, que l’on n’a pas encore mis en boîte, il y a selon moi, l’Arapaïma, dont les plus beaux spécimens se trouvent au Guyana en Amérique du Sud, il y a aussi le Muray cod en Australie, le Yellowcheek en Chine, poisson méconnu mais qui mérite toute notre attention, la raie géante d’eau douce en Thaïlande qui peut dépasser les cinq cents kilos et le King Salmon, dont la densité au Chili est exceptionnelle. Il y a aussi le Masheer en Inde que j’ai eu la chance de côtoyer, sans Franck, il y a prêt de dix ans à l’occasion d’un tout autre tournage.
Parmi toutes ces destinations, à Seasons de choisir…
Vous avez donc des perspectives, à long terme, pour cette série « Contact » ?
Je pense qu’avec « Contact », nous avons réussi à toucher la sensibilité des pêcheurs, en apportant un traitement nouveau dans la manière de montrer la pêche, et beaucoup nous confient qu’ils préfèrent la série « Contact » à d’ autres séries de pêche qui misent beaucoup sur le spectaculaire. Je pense notamment à des séries comme « River Monster » qui d’ailleurs n’a pas vraiment été conçue à la base pour les pêcheurs puisque son premier diffuseur est « Animal Planet », une chaîne assez généraliste. Malgré des qualités de réalisation indéniables, et qui peuvent correspondre à la demande du moment, je pense que ce type de programme n’est absolument pas fait pour des pêcheurs qui, de plus en plus aguerris, ne sont pas dupes aux tricheries et à la surenchère permanente. Cela, je ne sais pas le faire, et je ne pourrais pas le faire.
« Contact, avec des poissons légendaires », a une toute autre démarche, et ceux qui nous suivent sont les meilleurs ambassadeurs pour en parler et ça c’est une grande satisfaction personnelle, quoiqu’il advienne par la suite.
Comment est diffusée « CONTACT, avec des poissons légendaires » ?
A ce jour, 15 épisodes ont été diffusés en France sur la chaîne Seasons, à qui nous donnons la première exclusivité. Il faut rappeler que Seasons est le partenaire financier incontournable qui a permis l’existence de ces films.
La série « CONTACT, avec des poissons légendaires » est également distribuée dans d’autres pays, comme l’Espagne, l’Italie ou encore la Russie.
Depuis quelques mois, Tip Top Productions propose également le téléchargement des films, à des prix très attractifs sur VIMEO.COM
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Frédéric VILLOUTREIX, producteur chez TIP TOP PRODUCTIONS, nous explique :
3 euros/épisode pour un accès limité à 72h, et 7euros/épisode pour un téléchargement en full HD. Il faut savoir que tous les épisodes ne sont pas encore proposés en VOD, mais cela devrait être le cas d’ici eu.
Vous pouvez aussi retrouver l’ actualité de la série « CONTACT, avec des poissons légendaires » sur notre page fan FACEBOOK N’hésitez pas d’ailleurs à partager la page et donner vos commentaires.
Enfin, un site internet pour participer à la promotion de la série est également en cours de construction. Il reprendra chaque épisode, que nous commenterons, illustrerons par des photos… Il y aura aussi pas mal d’anecdotes à raconter.